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[RampUpParis] Le poids de la France et de l’Europe dans le développement des startups

  • 5 temps de lecture

Vous avez raté la 5e conférence de RampUp Paris, la journée parisienne dédiée à l’actualité MarTech qu’il ne fallait manquer sous aucun prétexte ? Vous avez de la chance, vous allez bénéficier d’une session de rattrapage. Ça ne sera bien sûr pas aussi complet que le live, mais cela vous apportera quelques clés à propos du poids de la France et de l’Europe dans le développement des start-up à travers le monde.

 

[RampUpParis] Le poids de la France et de l’Europe dans le développement des startups from LiveRamp France on Vimeo.

Intervenants : André Loesekrug Pietri (JEDI), Xavier Cardon (Sutter Mills) et Delphine Bourrilly (A.T. Kearney)

Les licornes, ces sociétés capables de collecter des fonds d’investisseurs de plusieurs millions de dollars, sont pour la plupart américaines. L’Europe en compte une quarantaine, tandis que seulement 4 d’entre elles sont basées en France. Cette conférence nous a apporté quelques précieuses informations sur le pourquoi de ce manque de start-up prometteuses sur le sol français et européen.

Quelle est la place de la France et de l’Europe ?

Les licornes sont majoritairement originaires des USA et de Chine, et seulement 10 % des licornes mondiales sont en Europe. La France, quant à elle, ne compte que 4 licornes, soit environ 1 % du total mondial. Parmi elles figure BlaBlaCar, qui n’existe pas aux US et qui est une véritable fierté française.

Les licornes concentrent une grande part des marges et profits et les redistribuent par des investissements, c’est pourquoi il est intéressant d’en posséder sur son sol. Mais pour Delphine Bourrilly (A.T. Kearney), il est important de savoir ce que l’on veut : peu de licornes, mais très importantes ? Un max de licornes ? Beaucoup de générations de mini licornes qui font un tissu entrepreneurial ?

Quoi qu’il en soit, la France est très en retard en termes de levée de fond et l’investissement dans les start-up est très faible. On estime qu’elle accuse même un retard de 7 ans sur les pays les plus avancés. Autant dire des siècles dans l’univers économique des start-up. Pourtant, Paris et les grandes villes de province s’y mettent de plus en plus, cumulant les incubateurs pour booster la croissance de start-up. Et cela fait ses preuves puisqu’elles commencent à rivaliser avec Berlin et Londres.

Néanmoins, le savoir-faire historique français est moins représenté dans des entreprises qui se lancent : mode, gastronomie, musique… Le mix de secteurs dans les start-up françaises manque de diversité pour que celles-ci parviennent à se faire une place à l’international.

Et l’Europe dans tout ça ?

Puisque le marché est faible en France, pourquoi ne pas favoriser l’Europe plutôt que d’essayer de rivaliser ? L’UE représente 10 % des licornes mondiales, ce qui donne un pouvoir beaucoup plus fort que pour chaque pays pris séparément.

L’Intelligence Artificielle en est un exemple typique. Les décideurs publics veulent un marché commun autour de l’IA, ce qui implique d’adopter une stratégie unique pour l’Europe. Pourtant, les stratégies diffèrent énormément d’un pays européen à l’autre. Pour André Loesekrug Pietri : « Il faut penser Européen pour être plus fort. »

Aujourd’hui, face à ce manque d’unicité de l’Europe, les Licornes européennes deviennent presque toutes des entreprises américaines, car le marché y semble beaucoup plus prometteur pour parvenir à obtenir des levées de fonds.

Quels sont les freins à la création ?

En France, il y a les compétences et des aides au financement. De plus en plus de structures sont créées pour valoriser les créateurs d’entreprises et les aider à lancer leur projet. Il n’y a donc pas vraiment de frein à la création. Il existe tout un écosystème de start-up dynamiques à Paris, mais aussi ailleurs dans les grandes villes de province.

Cependant, si les start-up se créent, bon nombre ne parviennent pas à lever des fonds et ne perdurent pas. En cause ? Une identité trop faible pour ces entreprises qui essayent trop souvent de copier des modèles américains. Pourtant, les investisseurs sont attentifs à l’identité de l’entreprise, et il est important d’être adapté au marché sur lequel on évolue.

D’autre part, il existe une véritable culture de la recherche scientifique, écologique, il faut donc réorienter son effort de start-uping pour se démarquer et parvenir à lever des fonds.

Que fait l’État ? 

Les investisseurs privés et grandes entreprises dépensent énormément dans le financement des start-up. Cependant, s’ils investissent beaucoup, les grands groupes ne savent pas encore comment s’y prendre pour travailler avec ces jeunes entreprises dont la culture interne et l’état d’esprit sont en réel décalage avec les leurs. De l’autre côté, 9 start-up sur 10 se cassent toutes seules, car elles ne se posent pas la question de travailler avec les grands groupes et cherchent à se développer par elles-mêmes.

Pourtant, il est nécessaire de favoriser la collaboration entre les grands groupes et les start-up. Au-delà d’aider les start-up à se lancer grâce à leur technologie novatrice, c’est toute la capacité d’innovation des grandes entreprises qui s’en voit relancée. En effet, cela leur permet d’obtenir un savoir-faire qu’elles ne possèdent pas en interne pour lancer des projets innovants. C’est ce que l’on appelle l’open innovation, mais en France cette pratique reste difficile à mettre en place.

Pourtant, le potentiel est important puisque l’Europe représente 77 milliards d’euros de dépenses en R&D, alors que les États-Unis n’affichent « que » 50 milliards. L’État, ou l’Union européenne devrait donc donner un cadre et laisser les acteurs de l’écosystème évoluer entre eux.

De l’autre côté, la Chine a la capacité d’aller très vite et commence à s’introduire en Europe et en France avec des entreprises comme Alibaba. Il s’agit d’un véritable challenge pour la France, et l’État en est conscient. La preuve en est qu’il n’a jamais autant investi sur ces sujets.

La clé de réussite pour s’affirmer en tant que licorne, c’est l’innovation. TikTok, un réseau social chinois de vidéos courtes, en est l’exemple type. Grâce à sa capacité d’innovation, elle est devenue, fin 2018, start-up la mieux valorisée du monde en voyant sa valeur exploser à 75 milliards de dollars. Mieux que de copier des entreprises de la Silicon Valley, l’entreprise a su devancer les plus gros et en a fait un succès mondial. Les Européens ont-ils la capacité de se démarquer pour se créer leur propre écosystème ? Ou seront-ils mangés par les Chinois et les Américains ?